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Au XVIIe siècle, le jeu est très mal perçu dans la société : il est non seulement réputé conduire à la débauche et au blasphème, mais il est aussi un souci pour les familles car il défait les patrimoines. Au XVIIIe siècle, le jugement porté sur les jeux de hasard est le même : ce dernier est le fait de libertins et d'une population en rupture de banc, qui inquiète la police ("mauvais" domestiques, chômeurs, déserteurs, mendiants ou vagabonds). Cependant, force est de constater que les jeux d'argent se généralisent. Toutes les couches de la société sont gagnées car tous rêvent d'un enrichissement rapide : du jeune noble dont les habitudes dispendieuses épuisent la fortune au simple domestique qui, comme l'apprenti de Maître Mourut dans Le Sang des farines, désire quitter au plus vite son état.
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On joue donc dans les salons, mais aussi dans les cabarets et dans la rue. L'homme du peuple aime parier pendant ses moments de loisir, lorsqu'il flâne sur les places les jours de foire et de marché. On parie aussi dans la cour de son immeuble, dans un jardin ou sur un terrain vague. À la fin du siècle, les Champs-Élysées, les quais des Tuileries et du Louvre, la place de Grève et le boulevard du Temple sont très prisés car tous ces lieux permettent de s'esquiver rapidement en cas d'une intervention de la police. Les jeux de hasard en plein air se multiplient au cours du siècle. La rue étant à tout le monde, le tenancier ne paie pas de loyer. Son seul investissement est un matériel facilement escamotable : une planche, un cornet, des dés, des cartons numérotés et de la craie. On peut donc facilement monter son affaire. En plein air, on joue pour de l'argent ou pour acquérir des objets qui font rêver parce qu'ils relèvent du temps libre : pipes, tabatières, flacons, boucles d’oreilles, miroirs, carafes, verres et gobelets. Les loteries de marchandises ont progressé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. |
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Le pharaon : Évoqué dès le premier roman de la série, ce jeu de hasard, originaire d’Italie, entre en France au XVIIIe siècle. Un banquier qui a un jeu de cinquante-deux cartes est opposé à plusieurs joueurs appelés "pontes". La table est divisée en deux parties, à droite et à gauche du banquier. Les pontes misent chacun sur une ou plusieurs cartes de leur côté, le banquier tire deux cartes qu’il pose à sa droite et à sa gauche. La carte de droite fait gagner au banquier la mise que les pontes ont faite sur elle et la carte de gauche l'oblige à doubler au profit des pontes l'argent dont ils l'ont couverte. Si les deux cartes ont la même valeur, le banquier empoche la moitié des mises faites sur les cartes. Pour la dernière carte, le banquier ne double pas la mise faite sur elle. Le "paroli" est une martingale qui consiste à doubler la mise à chaque gain. Lorsqu'on a atteint une certaine somme définie à l'avance, on s'arrête et on recommence avec la mise de départ. |
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Le biribi : Biribi est un mot italien. Ce jeu de hasard nous est en effet lui aussi venu d’Italie au XVIIe siècle. Comme l'explique L'Enquête russe, il fallait miser sur l'une des soixante-dix cases et le numéro était tiré au sort par le banquier.
Ce jeu a été interdit au XIXe siècle, mais c’est en fait l’ancêtre du loto actuel. |
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Le jeu de cavagnole : |
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Cartes du jeu de Cavagnolle (Bowesmuseum) | |||
Le numéro sélectionné est annoncé et le joueur ayant misé sur le bon numéro obtient sa mise multipliée par 36 ou par 64. Ce jeu est composé de 24 cartes à 5 chiffres représentant des scènes de la vie quotidienne mais aussi de fables, ou des personnages de théâtre ou de carnaval. Sur la carte numérotée de 1 à 5, les scènes représentent La Bergère, Le Singe barbier, La Vivandière, Le Forgeron, La Dame à sa toilette. La dernière carte porte les numéros 116 à 120 : M. de Ballets, Scaramouche, Le Médiateur, Le Chat, Les Vaniers. |
Le jeu de bague :
Le jeu de bague est l’adaptation d’un vieux jeu médiéval, où le chevalier au galop enlevait avec la pointe de sa lance un ou plusieurs anneaux, disposés sur des poteaux ou suspendus à des potences. ![]() Coupe de la plateforme du jeu de bague au château de la Muette, 1719 (Gallica) |
![]() Noir qui présente l'anneau à celui qui court la bague à Chatou, 1780 (Gallica) |
Au XVIIe siècle, la course à la bague est très populaire dans les fêtes villageoises ou sur les champs de foires. Le cheval est remplacé par d’autres montures et la lance par un simple bâton. L’évolution, c’est le carrousel, ancêtre du manège : des montures tournent autour d’un axe central et il faut décrocher les anneaux à l’aide d’un bâton. Au Petit Trianon, Marie-Antoinette a fait construire un jeu de bague de ce style dans le parc :
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